Maxime Savoldi | Zoete troep (2020)

Je dit l’un, mais je fais l’autre. Je veux tellement une chose, que j’en fais une autre. Je l’aime tellement, que je la déteste. Je suis tellement déterminé, que je me tire une balle dans le pied. Ceci est tout simplement une ode à la contradiction – enfin, tout de même, je pense.
TRADUCTION
De la saloperie sucrée
De la saloperie sucrée, je n’en bois pas, rien que de temps à autre une cuillère de miel dans mon thé. Ça rince le gosier et, une fois chauffé, ce serait venimeux. La tisane fumante acquiert ainsi un petit air de roulette russe. C’est une question de chance et de confiance. Du poker menteur sans lunettes de soleil, avec sur papier une main faible, mais cela à la plus haute table.
Moi, je déteste ce que la plupart des gens trouvent normal. Les règles tacites qui déterminent mon existence et la vôtre. Qui dictent ce qui est sage et civilisé, ce qui est acceptable ou inadmissible, qui te jugent quand de justesse tu rates le coche. Qui disent où il faut t’asseoir, comment te tenir et parler. Qui sera le premier servi chez le boucher ou le boulanger, et ne parlons même pas de la priorité octroyée aux vieilles dames.
Moi, je déteste le café. Je vomis sur le café et sur tout ce qui touche à la caféine. Je le jure et je le répèterai toujours. Jusqu’à satiété, jusqu’à mon dernier souffle, je continuerai à ramper. Jusqu’à ce que tout le monde en ait marre.
Car en commençant la journée, tout le monde veut être joyeux et rayonnant. Le réveil sonne à sept heures moins le quart, afin de rattraper le retard et de ne pas rater le train. Afin de transpirer tout content dans le wagon. Tout seul, en se rendant compte d’avoir oublié de beurrer les tartines. Et que l’on aura faim jusqu’au diner.
Moi en revanche, non, les bras ouverts, j’accueille le vide. Reste couché jusqu’à la reprise du jour et m’en fous du beau temps que dehors, tout le monde semble apprécier. Je préfère regarder les retransmissions de jeux de télé-tirelire et je me marre comme un fou en voyant celui qui croit avoir trouvé le mot juste. Complètement nul, pas du tout stimulant.
Moi, je ne me lève pas avec du café, je bois du whisky pour trouver le sommeil. Préfère m’armer chez moi d’une gueule de bois qui doit chasser les démons de la nuit.