Out of the box | Sarah Cavenaile

Sarah est pole danseuse, mais pas que… Elle refuse les cases dans laquelle on la met. Elle prend la parole pour partager son expérience personnelle et en quête d’universalité, elle fait l’apologie de la multiplicité. D’un costume à l’autre, elle emmène les spectateurs dans son périple en incarnant ses différentes facettes : la championne insatiable en quête de reconnaissance, l’androgyne se jouant des genres, la performeuse itinérante en camion à la recherche de l’aventure, la fan de disco, la blessée nostalgique… Elle crée entre elle et son fidèle partenaire de jeu un dialogue qui retrace des moments de vie forts en émotion. La barre prend différentes formes tout au long du récit : partenaire de tango, Arbre de Mai, haltère de fitness ou queue de billard… Sarah déconstruit son agrès au propre comme au figuré. Elle finit le spectacle en invitant le public à la rejoindre pour célébrer en mouvement un instant de magie collective.
Out of the box est un « seule-en-scène » qui questionne la nature de l’être humain à tout labelliser et mettre dans des cases. L’artiste utilise son agrès, la barre de pole dance, pour traiter de ce sujet avec humour, dérision, émotions… Un mélange de conférence-spectacle et de cabaret dansé.
Comment être prise au sérieux et acceptée en tant qu’artiste avec la pole dance? En effet, la pole dance se cherche encore et est une discipline hybride : elle oscille entre le cirque, la danse contemporaine, la gymnastique et le burlesque. Ou mieux, elle est tout à la fois, attrayante et critiquée, séduisante et rejetée. Elle profite du buzz de sa spécificité «exotique» et cherche sa place où elle peut, faisant plutôt les gros titres des magazines pour femmes que ceux des agendas culturels. La pole dance est souvent connotée même si elle a prouvé ses bienfaits comme agrès sportif pour dépasser ses limites, retrouver sa silhouette, redorer son estime de soi ou proclamer haut et fort ses droits sur son propre corps.
Le sens du spectacle est en lien avec le parcours de l’artiste : tout au long de son cheminement, l’artiste s’est attelée à s’éloigner des stéréotypes et à utiliser la pole dance pour créer des univers poétiques dans lesquels les spectateurs peuvent voyager.
Ici, avec ce méta-spectacle, cette mise en abîme, l’artiste confronte ses imaginaires avec la difficulté de trouver sa place dans le monde réel, structuré et labellisé, de s’insérer dans des réalités cartésiennes, des codes, des cases. Des questionnements d’artiste qui se retrouvent un peu dans la vie de chacun face à une société en perpétuelle redéfinition. En tant que danseuse, l’artiste exprime par le corps cette pulsion incessante d’ouvrir les portes d’un monde meilleur. La réponse est peut-être au bout du chemin.
C’est une histoire aussi de persévérance, de force vitale et d’absolu. Sur le fil entre soif d’appartenance et représentation métaphorique de la fragilité de la condition humaine, le spectacle invite à voir les choses autrement en s’attardant à la passion qui nous anime.