La Compagnie Les Pieds dans le Vent
jeune public

Actuellement en résidence, en cette fin d’année étrange, ce sont deux créations que la Cie Les Pieds dans le Vent vient peaufiner dans les murs du Centre culturel du Brabant wallon.
BOUCHES
Valérie Joyeux est bavarde depuis 1968. “Diplômée en arts de la parole”, sont les mots qui ouvrent son curriculum vitae. Depuis les coulisses des séances scolaires, elle a connu des années de trac à entendre les instituteurs et institutrices souffler :
Chuuttt !
On se tait !
Qu’est-ce que j’ai dit ?
Si tu ne te tais pas, tu ne verras pas le spectacle, tu sortiras.
Je ne veux plus rien entendre.
Celui-ci, il reste près de moi parce que…
Puis l’organisatrice ou l’organisateur de conclure : “Au théâtre, on ne parle pas, on va fermer nos bouches à clé !”
Le diplôme de Valérie Joyeux (mise en scène et écriture du spectacle) trouvera un nouveau sens dans cette nouvelle création de la Cie Les Pieds dans le Vent, fondée avec Vincent Raoult.
RAPA
Le nouveau spectacle de la Cie Les Pieds dans le Vent est né de sa rencontre avec l’auteur Christian Dalimier qui lui a proposé de partager ses réflexions nées de la lecture du livre L’atlas des îles abandonnées de Judith Shalansky. Dans ce livre, une histoire atypique retient l’attention des comparses. Celle de Marc Liblin, un garçon ordinaire dont les nuits sont hantées de rêves particuliers. Il rêve “en langue”, c’est-à-dire dans une langue que personne ne comprend, ni lui, ni ses proches. Une langue qu’il n’identifie pas, une langue qu’on n’apprend ni à l’école, ni dans les livres.
De cette histoire particulière, nait un double questionnement que Christian Dalimier et la compagnie souhaitent partager avec les enfants. D’une part, que fait-on de nos rêves ? Faut-il s’en méfier ? Les amadouer ? Faut-il en avoir peur ? Les vivre ? Les partager ? Et que deviennent-ils quand ils se réalisent ? Ce qui sommeille en nous depuis l’enfance, le découvre-t-on un jour ? D’autre part, si rien n’est fait pour leur sauvegarde, 90% des langues du monde vont probablement disparaître au cours du siècle. Pourquoi est-il important que les langues survivent ? Nos arrière-grands-parents parlaient le wallon, le picard, le bruxellois… et nous avons peur d’apprendre la langue de nos voisins les plus proches.
Les Rencontres Théâtre Jeune Public devaient permettre à une cinquantaine de compagnies – dont la Cie Les Pieds dans le Vent – de présenter leurs nouvelles créations à Huy, en août 2020. Les spectacles programmés lors de ce rendez-vous incontournable devaient finalement être présentés à Liège, en novembre, et à Bruxelles, en lieu et place du festival Noël au Théâtre. C’était sans compter sur la “deuxième vague” qui a conduit à leur annulation définitive, frappant ainsi une nouvelle fois le secteur de plein fouet. Pour continuer à soutenir les compagnies jeune public, le Centre culturel du Brabant wallon a décidé de poursuivre ses résidences d’artistes, dans le respect du protocole sanitaire en vigueur.