S’équiper pour le léger
Trois types de familles vivent en habitat léger. D’abord, les gens du voyage dans leurs habitats mobiles et traditionnels, les habitant.es des parcs de loisirs et, plus récemment, celles et ceux qu’on nomme les « alternatifs ». Depuis sa reconnaissance dans le code de l’habitation durable (2019), l’habitat léger a suscité de nouvelles vocations, envies ou nécessités d’habiter le territoire autrement. Ainsi, de nombreuses personnes désirent se diriger vers une habitation plus agile face aux crises (sociales, écologiques, économiques, énergétiques).
Il est indispensable de comprendre le cadre normatif pour avancer dans cette direction. Cependant, répondre individuellement à chaque demande d’information sur le sujet est devenu impossible pour le Réseau brabançon pour le droit au logement (RBDL) et l’association Habitat et Participation. C’est pourquoi, ces deux structures organisaient un atelier collectif afin de permettre échanges et rencontres entre personnes intéressées par ce mode d’habiter. En quelques mots, les équiper pour du léger !
Vincent Wattiez du RBDL et Eloïse Leboutte d’Habitat et Participation étaient les personnes ressources. L’important est de permettre aux personnes de se rencontrer pour les sortir de l’isolement et élaborer des réponses ensemble, au départ de questions singulières et de situations vécues. Il s’agissait d’aborder la théorie à travers les questions juridiques et administratives, et de décrypter, notamment, les rouages du Code de l’habitation durable et ceux de l’aménagement du territoire en Région wallonne.
Ce qui est fondamental, c’est de créer un réel dialogue avec les communes. Mais cela ne se fait pas seul. Les personnes qui ont été vers les administrations et les communes relèvent toutes une grande difficulté à se faire recevoir et traiter correctement. Il est nécessaire de créer ce dialogue et de le provoquer. Pour rappel, comme d’autres organisme, la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon propose des outils pour favoriser les dialogues et, surtout, pour rassurer les communes que la délivrance d’un permis inquiète.
L’auto-construction, un super projet humain
Bernadette, en plein processus de construction de sa propre habitation légère, voulait acheter un terrain, ce qui a suscité quantité de questions concernant la domiciliation… et d’interlocuteurs dans différentes communes, qui conditionnait l’octroi d’un permis à l’achat d’un terrain. C’est un paradoxe, parce qu’aucun permis n’a jamais été délivré sur le terrain avec servitude qu’elle convoitait dans cette commune. De nombreuses étapes doivent être franchies pour avancer : aller voir différentes communes, réaliser une étude de terrain, planter la tiny house… Le plus simple est d’acheter un terrain ou de s’installer sur le terrain de quelqu’un.
Le plus judicieux est d’essayer de rencontrer des membres de la CCATM (Commission communale consultative d’aménagement du territoire et de la Mobilité) pour demander conseil ou demander au service d’urbanisme un certificat d’urbanisme pour avis officiel. Certains suggéraient de se faire soutenir par des habitants voisins du projet.
Lors de la pause de l’atelier, quelques personnes se sont rapprochée de Bernadette pour en savoir plus sur sa démarche. Elle leur a expliqué qu’étant enseignante, son statut de fonctionnaire lui permet de déstygmatiser l’habitat léger aux yeux de ses interlocuteurs. Elle leur fait comprendre qu’il ne s’agit pas d’un choix par dépit. Elle quitte une grande maison pour aller vers un tout petit logement et vit actuellement dans un espace de 3 mètres sur 3 dans une colocation intergénérationnelle.
Bernadette a commencé à construire sa tiny house cet été à Ottignies. dans l’atelier B.A.Bois. Auto-constructrice, elle réalise elle-même tout ce qu’elle peut faire seule et a demandé un accompagnement minimum « On me montre une fois comment faire et je le fais. Le plus difficile est la communication, pas l’éventuel manque de force physique. C’est un super projet humain ! »
Un cycle de capsules vidéo didactiques autour de l’habitat léger
Le RBDL et ses partenaires ont réalisé des vidéos humoristiques pour aider les personnes désireuses de s’approprier leur habitat et développer leur capacité à agir.
Fais ton permis toi-même !, présentée par Denis Delpire et Simon Cabane, consiste en un tutoriel pour remplir une demande de permis d’urbanisme sans architecte ou « Annexe 9 ». Elle souhaite permettre au plus grand nombre de comprendre la nature de ce permis sans architecte et, peut-être, de s’en emparer.
Une domiciliation, ça ne se refuse pas ! est présentée par Vincent Letellier, avocat et chargé de cours à l’ULB, et Simon Cabane, habitant léger. Elle prétend (non sans humour) permettre au plus grand nombre de bien comprendre les contenus juridiques et administratifs lié à l’inscription aux registres de la population et, peut-être, de s’en emparer.