Noir, cette couleur qui n’existe pas

Lumière et ténèbres ont naturellement déterminé la symbolique du noir et du blanc.
La conférence Pulsart Noir, cette couleur qui n’existe pas ayant dû être reportée, Vincent Batens, plasticien, spécialiste de la couleur et directeur de l’École des Arts de Braine-l’Alleud, nous propose quatre œuvres à découvrir. Celles-ci témoignent de la façon dont le noir est appréhendé selon les traditions orientale et occidentale. Ces traditions résonnent étonnamment avec la période que nous traversons.
Noir, la couleur du néant, du vide, de l’inconnu, de l’ignorance, de la destruction.
Noir, attribut de l’absence, de l’étrange, des démons, des êtres garants du mal,
Rien de bon à priori…
Ces êtres qui possèdent des pouvoirs occultes, souvent maléfiques mais parfois bénéfiques.
Ces pouvoirs qui nous font peur et nous attirent tout autant.
Le noir est la couleur primordiale qui semble unir tous les récits mythologiques fondateurs de nos différentes civilisations humaines. En effet, la plupart des mythologies la sollicitent pour raconter ou expliquer la naissance du monde :
✒︎ Dans le panthéon hindou, Kali, parèdre et force féminine active de Shiva, sa Shakti, est déesse de la préservation, de la transformation et de la destruction. Elle agit au nom de Shiva, protège ceux qui ont le savoir, les yogis. Elle détruit le temps avant que Brahma n’intervienne pour “recréer” un nouveau cycle. Kali est noire.
Légende
Kali, peinture Rajput, forme Bhadrakali (deux paires de bras), Inde, 18 S. Peinture à l’eau sur papier, 21 x 17 cm.
Kali, armée de son sabre, tenant deux têtes décapitées et ornée de son collier de crânes boit du sang dans un crâne en guise de coupe.
✒︎ Dans la mythologie gréco-romaine, Hésiode, poète grec du VIIIe siècle av. J.C., décrit dans sa Théogonie la création du monde : “De Chaos descendront Nyx, la nuit, et Erèbe, les ténèbres.”
Légende
Statuette romaine, Nyx, 100 av. J.C., Villa Getty, USA
✒︎ Dans le livre de la Genèse, au chapitre 1er, les premiers versets annoncent :
01. Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
02. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux.
03. Dieu dit : “Que la lumière soit.” Et la lumière fut.
04. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres.
05. Dieu appela la lumière “jour”, il appela les ténèbres “nuit”. Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour.
Légende
Dieu créa la lumière, gravure de Gustave Doré, illustration de La Sainte Bible selon la Vulgate, traduction nouvelle, dessins de Gustave Doré, tome 1, éd. De Tours, 1866.
✒︎ L’artiste contemporain anglais d’origine indienne, Anish Kapoor, se joue de nous en proposant d’expérimenter le paradoxe d’attirance et de répulsion du noir, de l’inconnu, de l’étrange, du néant. Qui oserait descendre dans les limbes afin d’y voir ce qui s’y trame ?
Légende
Descent Into Limbo, 2016, fibre de verre et pigment, diametre 3 m, La Havane.
Courtesy the artist and GALLERIA CONTINUA.
Photo : Paola Martinez Fiterre
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