Brabant wallon, au-delà des clichés

Mythes, réalités et défis culturels
Le 12 décembre 2019, le Centre culturel du Brabant wallon organisait une journée d’analyse partagée des défis et enjeux actuels de notre territoire.
À l’aube d’un nouveau contrat-programme liant la Fédération Wallonie-Bruxelles et le CCBW, il est primordial que le projet d’actions culturelles que ce dernier développera pour la période 2022-2026 s’appuie sur les défis et enjeux actuels de notre territoire.
L’étape cruciale que constitue cette analyse partagée devait nous permettre de déterminer si les enjeux que nous avons identifiés — à savoir développer le sentiment d’appartenance et encourager la mixité sociale — sont toujours primordiaux. Une priorité était d’y associer et y impliquer, à des niveaux divers, tant les collègues du CCBW que tous les acteurs culturels de notre territoire brabançon.
Pour accompagner ce processus de façon beaucoup plus circonstanciée et documentée, pour dépasser les clichés et les mythes dans lesquels, parfois, nous nous projetons, pour nous amener à mieux comprendre ce territoire dans lequel nous vivons et travaillons, nous avons fait appel à quatre “experts” :
- Yves Hanin, urbaniste et sociologue, directeur du CREAT
- Thierry Eggerickx et Jean-Paul Sanderson, démographes et chercheurs à UCLouvain
- Maud Van Campenhoudt, sociologue et chercheuse à l’Observatoire des politiques culturelles
Jean-Luc Piraux, comédien, a ponctué les interventions en endossant le costume d’hommes et de femmes qui vivent en Brabant wallon et que nous pourrions croiser au détour d’une rue ou d’une de nos activités, tandis que Max Zimmermann, directeur de TV Com, a animé la journée.
Myriam Masson, codirectrice du CCBW chargée de la gestion culturelle, a rappelé les principaux enjeux de l’analyse partagée du territoire :
- Se faire une bonne représentation des réalités — parfois complexes et très contrastées — du territoire en complétant, comparant et analysant les grandes tendances économiques, sociales et culturelles.
- Observer, mettre en perspective et comprendre les changements qui se déroulent sous nos yeux.
- Recueillir la parole des gens sur la manière dont ils perçoivent, vivent et investissent leur lieu de vie, de passage ou de travail.
- Explorer les articulations possibles entre les questions de société et les projets culturels qu’il conviendrait de déployer.
Les opérateurs culturels étaient réunis afin d’apporter un regard nuancé, subtil et singulier sur le Brabant wallon en évitant les clichés et les préjugés.
Thierry Eggerickx et de Jean-Paul Sanderson ont relevé que les communes du Brabant wallon sont de plus en plus hermétiques à la migration des populations plus défavorisés, alors que les personnes les plus favorisées y ont largement accès avec le risque d’une homogénéisation croissante. Cette homogénéisation est particulièrement interpellante pour nous, acteurs culturels, qui prônons la richesse de la diversité culturelle.
De son côté, Yves Hanin a identifié un nouveau processus territorial : la métropolisation, suscité par l’accroissement du nombre de ménages, l’accroissement du vieillissement, le renouvellement des populations, qui entrainent les nouveaux modes d’habiter ou de travailler et la manière dont nous partageons ce territoire commun.
Myriam Masson souligne la nécessité de coopérer, mais précise qu’il ne s’agit pas d’une coopération à tout prix, avec n’importe qui et n’importe comment. Grâce à un important travail mené au sein de la plateforme Hélix, qui regroupe les maisons de jeunes, les bibliothèques, les centres culturels, PointCulture, les centres d’expression et de créativité, les auteurs culturels ont pu rédiger une charte qui identifie les balises à mettre en oeuvre pour une coopération efficace, désirée et durable. Cela implique de prendre soin des autres, d’avoir envie de connaitre leurs réalités. Surtout, cette coopération ne doit pas être contrainte, car elle serait contre-productive.
Dans un territoire qui a cessé d’être dortoir pour devenir territoire de travail et de culture, Yves Hanin a rappelé la nécessité de nous fédérer — tout en maintenant une réelle diversité —, de passer d’une vision individuelle à une vision collective et de faire des habitants du BW des acteurs.
Le Brabant wallon est un territoire en profonde mutation. Ce qui importe aujourd’hui, c’est de savoir comment la culture peut prendre place dans la société et prendre en compte ces mutations. La Province sera-t-elle résiliente, pourra-t-elle envisager l’avenir sous un jour plus constructif, plus participatif, et démocratique ? Pour en revenir aux enjeux du CCBW : les populations pourront-elles s’ancrer ? Pourrons-nous encourager le sentiment d’appartenance ? Pourrons-nous oeuvrer à plus de diversité, à plus de mixité sociale, et éviter l’homogénéisation dont parlait Thierry Eggerickx ?
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- Le compte rendu de la journée
- La présentation de Thierry Eggerickx et Jean Paul Sanderson, Démographie du Brabant wallon : aujourd’hui et demain
- La présentation de Maud Van Campenhoudt, Enquête sur les pratiques culturelles, les loisirs, les activités du temps choisi en Fédération Wallonie-Bruxelles