
Comédie
Pierre Notte
Deux femmes âgées sont assises côte-à-côte. Elles attendent des spectateurs qui ne viennent pas. Dans un monde entièrement aseptisé où il est interdit de fumer, de manger du sucre, où il n’y a plus d’insectes, ni de champignons, les brigades sanitaires veillent au respect des règles d’hygiène. Le corps de ces deux-là a vieilli sans intervention de chirurgie esthétique. Elles sont les dernières vieilles authentiques que l’on vient visiter comme dans un musée. Seulement voilà, aujourd’hui, personne ne vient… Elles vont alors se scruter l’une l’autre, se juger, se chahuter. S’engage une déferlante de répliques toutes plus cinglantes et cyniques les unes que les autres.
L’écriture de Pierre Notte est beckettienne, le rythme tenu. Par moment, les deux femmes âgées entendent des grondements d’engins volants qui s’écrasent non loin d’elles, alors qu’elles guettent l’arrivée d’une hypothétique résistance. Dans une société axée sur le jeunisme, de plus en plus hygiéniste et culpabilisant, il se pourrait donc bien qu’un jour, la vieillesse authentique avec ses nombreuses pathologies n’existe plus. Quelques spécimens resteront certes, mais peut être seront-ils, comme ces deux vieilles, montrés du doigt.
Pour ces rôles, les deux jeunes actrices se prêtent à une transformation physique complète. Grâce au maquillage, elles rendent hommage à ces vieilles femmes, à nos grands-mères qui nous apprennent à être des femmes assumées. Truculent !